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Des "choses" que certaines personnes sont capables de voir, de ressentir, mais qui ne sont pas du domaine du matériel... Bienvenue dans un monde encore inexplicable scientifiquement.

Il n’y a plus de saisons !

Une petite aventure… Une petite aventure sans rien de spécial, sans rien qui laisse une trace, une preuve tangible par la suite… mais une petite aventure qui vous bouleverse pour toujours et vous donne, tout au long de votre vie, la certitude qu’il y a « autre chose ». Autre chose que ce que l’on vous apprend à l’école, autre chose que ce qui est écrit dans les livres de science, autre chose que ce que l’on voit et que l’on touche avec les yeux et les mains tous les jours… Une petite aventure qui ouvre une petite porte sur la grande inconnue… Voilà ce qui peut arriver dans la vie de tout un chacun, au moment où l’on s’y attend le moins. Bien sûr, comme c’est le genre d’évènement qui fait que l’on se demande si l’on est tout à fait normal… comme on ne rapporte rien de solide, de concret… comme on est forcé de se fier à sa seule mémoire pour repenser à tout cela « après »… bien sûr, si l’on est seul quand la chose se produit, on garde en général son aventure pour soi. On tient sa langue. Et l’on n’a peut-être pas tout à fait tort : par les temps qui courent, on a vite fait de se faire cataloguer comme dangereux rêveur.

Mais lorsque l’on est plusieurs, c’est-à-dire au moins deux, à vivre la même chose incroyable, alors on parle plus facilement. On se sert en quelque sorte de caution l’un à l’autre.

C’est le cas pour le jeune couple que nous allons suivre aujourd’hui. Monsieur et Madame C… (ils préfèrent conserver l’anonymat) étaient ensemble et le sont restés tout le temps que dura leur plongeon dans l’impossible. Ils se considèrent comme sains de corps et d’esprit et ils en donnent tout à fait l’impression. Ils jurent qu’ils ne boivent pas, ne se droguent pas et qu’ils avaient raisonnablement et suffisamment dormi la nuit précédant les faits en question. Selon eux, on ne peut donc incriminer ni l’abus d’un stupéfiant, ou d’un médicament, ni les troubles de la fatigue.

Ils affirment sur l’honneur qu’il ne s’agit pas d’un truquage ou d’un coup monté de leur part. On est assez tenté de les croire lorsqu’ils ajoutent en souriant :

« Pourquoi aurions-nous inventé une histoire pareille ? Elle n’est pas spécialement spectaculaire… Et puis nous n’avons rien à vendre ! Nous n’avons pas écrit de livre ni enregistré de disque ! Nous ne cherchons aucune promotion et nous ne voulons pas que notre nom soit prononcé sur l’antenne ! » »

Parfait : alors appelons-les Jean-Paul et Christiane, et suivons-les en ce jour du mois de mai 1978.

Christiane et Jean-Paul C… roulent dans leur voiture quelque part dans le Massif central. Ils ont pris une semaine de vacances pour parcourir cette région et prospecter en vue de l’achat d’une maison.

Ils résident actuellement dans la proche banlieue parisienne. Jean-Paul est cadre technico-commercial dans une grande firme d’informatique. Christiane, après des études universitaires, occupe un poste de chargée d’études dans une entreprise de sondages d’opinion. Et ils voudraient partir. Quitter la capitale, laisser derrière eux les embouteillages, les téléphones, les week-ends de séminaires de travail et les soucis de carrière. Ils voudraient partir, mais ils ne savent pas encore comment. Ah ! ils en ont vu, de ces citadins quittant tout pour aller, tout feu tout flamme, faire l’élevage des chèvres et la poterie artisanale ! Et ils les ont vus aussi revenir déconfits après deux ans, sans un sou, essayant comme des lapins affolés de se refaire une petite place dans cette bonne vieille société de consommation. Non : Jean-Paul et Christiane C… préfèrent y aller plus prudemment et mettre toutes les chances de leur côté. Et pour eux, cela commence par un tour d’horizon de tous les éléments d’une nouvelle vie. Ils ont entendu parler de villages pratiquement abandonnés à la suite de l’exode rural. Pour voir revivre ces villages, les pouvoirs publics seraient disposés à consentir des subventions ou des facilités aux nouveaux pionniers du régionalisme. Mais est-ce bien un projet réaliste ? Les deux jeunes gens sont là pour essayer d’y voir clair sur place.

- Dis-donc, Jean-Paul… Tu es sûr de cette route ? Il me semble qu’on est un peu perdu, non ?

- Sûr, sûr !... Tu es marrante, toi ! Après tout, c’est toi le navigateur ! Tu as la carte sous les yeux : guide-moi !

- Navrée, mon chéri, mais ton navigateur, pour l’instant, il nage complètement ! Depuis que nous avons quitté la départementale, je suis hors du coup ! Surtout que tous les chemins que nous croisons dans cette forêt ne portent aucune indication ! On aurait dû acheter une carte plus détaillée. Notre village me semble jouer à cache-cache ! Il peut être à droite, à gauche… ou carrément derrière nous !

- Eh bien, on roule tout droit devant et on finira bien par trouver un poteau indicateur, une borne ou quelque chose… D’ailleurs, je trouve la promenade formidable, pas toi ? Cette forêt, ces arbres… On sent que le mois de juin approche : c’est presque l’été ! Quand je pense au temps pourri qu’ils ont à Paris…

- Écoute, Jean-Paul, si ce coin te plaît, puisqu’il n’est pas loin de midi, on n’a qu’à s’arrêter n’importe où et on va pique-niquer dans le bois, si tu veux ?

- D’accord ! Motion adoptée à l’unanimité plus une voix !

Une route transversale se présente, tranquille, tentante, qui s’enfonce entre les grands arbres. Au travers des feuillages épais, un rayon de soleil perce ici et là, souligné par des myriades d’insectes. Un vrai tableau pour peintre du dimanche. Jean-Paul arrête la voiture et les deux vacanciers trouvent un délicieux coin d’herbe pour y prendre le repas sorti du panier. Ils rient comme des enfants avec l’impression de faire quelque chose de pas très permis : l’école buissonnière, en pleine semaine, alors que les camarades sont au travail. Après le déjeuner, on hésite entre une petite sieste et une promenade. On opte pour la promenade, jugée « plus raisonnable ». La voiture est loin derrière, cachée par les tournants du chemin, lorsque, sans transition, la forêt disparaît. Elle ne disparaît pas d’un coup de baguette magique, elle ne diminue pas progressivement de densité : simplement, elle n’est plus là. Christiane et Jean-Paul échangent un regard étonné. Ils sont dans un village… Et s’ils sont étonnés, c’est qu’ils n’ont pas le souvenir d’être entrés dans ce village. Ils ne l’ont pas d’abord vu de loin, ils ne sont pas passés devant les premières maisons, comme le voudrait la logique. Ils marchaient dans une forêt, et les voici maintenant, dans la rue principale d’un village. Une rue pas très large, en déclivité vers son centre où stagne une eau trouble. Des maisons étroitement imbriquées les unes dans les autres. Des façades de crépi où apparaissent ici et là des colombages de bois.

- Je… je ne sais pas très bien comment on a fait… dit Jean-Paul un tantinet surpris… Mais je crois qu’on a fini par le trouver, notre village !

- Tu penses ? Christiane désigne les maisons. On nous avait parlé d’un village à rebâtir, de ruines à remettre sur pieds… Ça ne m’a pas l’air si abandonné que ça ! Théoriquement, il ne vit plus ici que deux familles, avec une majorité de vieux. Et toutes ces habitations semblent en parfait état… On dirait presque qu’il va sortir des gens de chaque porte… Tu es certain que nous sommes dans le bon village ?

- Où veux-tu que nous soyons ? D’après la carte, il n’y a pas d’autre agglomération à vingt kilomètres alentour ! On n’aurait pas pu faire une telle erreur de distance ! D’ailleurs, regarde bien : il n’y a personne !

- Tu as raison : c’est désert ! On n’avait même pas vu les vieux qui devaient être là ! Mon chéri… Je ne sais pas pourquoi, mais je… je me sens bizarre !

- Qu’est-ce qui se passe ? Tu as peur ?

- Non ! Mais je n’aime pas cet endroit ! Je ne pourrais pas vivre dans un lieu comme celui-là ! C’est joli, c’est en bien meilleur état que je ne m’y attendais, mais c’est tellement triste… On dirait qu’il y a… qu’il y a du malheur tout autour. Ça me fait froid partout !

- C’est drôle, ce que tu viens de dire : moi aussi, j’ai comme des frissons, depuis un moment et je…

Jean-Paul s’est interrompu brutalement. Il est devenu blême et il pointe un doigt incertain vers la rigole au milieu de la chaussée.

- Christiane ! Il gèle ! L’eau ! Regarde : elle est gelée !

En effet, une mince pellicule opaque recouvre une partie du filet d’eau. Christiane, craintive, approche le bout du pied et fait craquer cette pellicule : c’est bien de la glace en formation.

- C’est l’hiver, Jean-Paul ! C’est l’hiver dans ce village !

- Mais enfin, Chris, on devient fou, ou quoi ? Regarde le ciel : il est plombé. Il va neiger !

Christiane répond machinalement :

- Non, il fait déjà trop froid pour qu’il puisse neiger !

Puis elle se rend compte alors de l’absurdité de ce qu’elle vient de dire. Il ne peut pas neiger tout simplement parce que c’est l’été ! Ils le savent tous les deux : ils ont déjeuné sur l’herbe dans la forêt et il faisait beau. Ce qu’ils sont en train de vivre ici n’est pas possible ! Ils ont relevé le col de leur blouson de toile et ils courent, maintenant. Ils courent droit devant eux, dans ce froid, dans cet hiver impossible qui pourtant les transperce.

Jean-Paul gardera le souvenir vague d’être passé devant une petite église qu’il n’avait pas vue à l’aller. Une petite église qui lui a semblé toute neuve, avec une porte de bois frais ciré. Mais il ne pourrait en jurer. Il n’est plus sûr de rien à partir du début de leur fuite. Car ils sont en train de fuir littéralement, désespérément, cet endroit où ils n’auraient jamais dû pénétrer.

Comment ils en sortent ? Ils ne peuvent pas le dire exactement. Probablement de la même manière qu’ils y sont entrés : par hasard. Ils retrouvent la forêt, ils retrouvent leur voiture… Et ils retrouvent aussi le soleil d’été. Ils ne réalisent leur chance que lorsqu’ils sont en route depuis certainement plusieurs minutes.

Avant de raconter cette histoire à qui que ce soit, Christiane et Jean-Paul C…  ont eu le temps de se ressaisir. Comme ils ne sont plus des enfants et qu’ils ont plutôt l’un et l’autre l’esprit logique, ils ont essayé de vérifier. Ils ont d’abord trouvé le véritable village qu’ils cherchaient. En ruine, celui-là. Les vieux paysans qui y vivent encore n’ont jamais entendu parler d’une bourgade dans les environs ressemblant de près ou de loin à la description de ce lieu bizarre.

Le jeune couple a su rassembler le courage nécessaire pour tenter une exploration nouvelle du lieu de leur aventure. Vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’ils n’ont fait que tourner en rond dans la forêt. À peine ont-ils réussi, en fouillant dans les archives du chef-lieu, à dénicher la mention, sous la plume d’un chroniqueur local, d’un village dont le nom ne nous serait pas parvenu et qui aurait pu occuper approximativement cet emplacement. Mais le chroniqueur, il y a cent cinquante ans, ne mentionnait ce fait que pour émettre des doutes sérieux et parler de légende populaire. En effet, la tradition voulait qu’il ne restât rien de ce village. Tous ses habitants seraient morts, sans exception, après une épidémie de peste noire, au début du haut Moyen Âge. Et le seigneur du lieu en aurait, paraît-il, ordonné la destruction totale par le feu. L’ordre aurait été exécuté (toujours selon cette contestable légende locale) le premier jour de l’hiver.

L’INCROYABLE VÉRITÉ

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