Des "choses" que certaines personnes sont capables de voir, de ressentir, mais qui ne sont pas du domaine du matériel... Bienvenue dans un monde encore inexplicable scientifiquement. Comme vous pouvez le voir, une fidèle du blog est devenue mon associée : Passiflore ! Nos articles vous plaisent et vous voulez mettre un lien sur votre blog/site ? Merci de nous le faire savoir par courriel.
-M'sieur ! m'sieur !
Le policier de permanence au poste de Guanabara, faubourg de Rio de Janeiro ce 20 août 1966, passe une main bourrue sur les cheveux ébouriffés du gamin qui vient d'ouvrir la porte avec fracas.
-Eh bien mon bonhomme, qu'est-ce qu'il t'arrive ?
L'enfant reprend son souffle. Il est rouge, en sueur, les yeux exorbités.
-Il y a deux hommes avec des drôles de masques sur le Moro do Vintem.
-Ah oui, et alors ? Ils s'amusent.
-Non m'sieur, ils sont morts.
Quelques instants plus tard, l'un derrière l'autre, le chef de la police de Guanabara, deux flics en uniforme dont l'un porte deux civières, et un photographe escaladent le Moro do Vintem, sorte de colline ronde caractéristique des environs de Rio de Janeiro. Loin derrière eux, un médecin légiste, qui n'est plus tout jeune, tente de les rejoindre en soufflant sur la pente. Presque au sommet, la petite silhouette du gamin qui les guidait, se fige brusquement :
-C'est là, dit-il, en montrant du doigt deux corps étendus.
De loin, on croirait les deux hommes endormis et se protégeant les yeux avec une sorte de visière de couleur grise. Mais de près, c'est tout différent. Leurs chairs ont des reflets bistres. Ils sont morts depuis plusieurs jours sans doute et commencent à se putréfier. Et surtout, il y a ces masques de métal, grossièrement fabriqués, apparemment destinés à leur protéger les yeux.
-Qu'est-ce que c'est que cela ? grogne le policier porteur de civières.
Le chef de la police de Guanabara est loin d'être un imbécile. Mais ces masques sont un mystère et pendant des années, ce mystère va le hanter.
-Ces masques, c'est du plomb, dit-il, et ils ont dû les fabriquer eux-mêmes.
-À quoi cela peut-il bien servir ?
-Ma foi, je n'en sais rien, de protection sans doute. Mais cela ne les a pas empêchés de mourir.
Les policiers sortent avec précaution de la poche des cadavres des papiers d'identité aux noms de Miguel Viana et Manuel Pereira, tous deux radiotechniciens et tous deux mariés. Dans la poche du pantalon de Miguel Viana, un carnet qui fait ouvrir des yeux ronds au porteur de civières. Sans un mot, il le tend au chef de la police, qui découvre page après page, quantité de formules indéchiffrables :
-Qu'est-ce que c'est ? demande le porteur de civières.
-Je ne sais pas... On dirait un code secret.
C'est alors que le médecin légiste, toujours essoufflé, les rejoint en brandissant une feuille de papier :
-Regardez ce que je viens de trouver !
Cette feuille de papier quadrillée, arrachée à un cahier d'écolier, porte un très curieux message : "16 h 30, se trouver à l'endroit fixé; 18 h 30, avaler la capsule. Après effet, se protéger le visage : attendre le signal convenu."
Baie de Guanabara
Le chef de la police regarde autour de lui, avec effarement, ce paysage tranquille inondé de soleil. C'est un homme pragmatique qui ne se laisse pas facilement impressionner. Mais il a conscience d'être au début d'une affaire extraordinaire.
-Vous n'évacuerez les corps que lorsque le médecin légiste aura fait son travail, dit-il aux porteurs de civières.
Ce à quoi le médecin légiste fait remarquer qu'il aura bien du mal à établir les causes de la mort, puisque les corps ne présentent aucune blessure et ne montrent aucun indice qui permette d'établir un diagnostic.
Dans les jours qui suivent, rien n'est négligé. L'autopsie ne fait apparaître aucune trace de poison. Les spécialistes mesurent même le taux de radioactivité. Ayant conclu qu'il est négatif, ils ne peuvent fournir que l'heure du décès survenu autour de 19 h le 17 août.
Les femmes des deux victimes n'apportent aucune lumière. Elles affirment que leurs maris ne les ont tenues au courant de rien et qu'ils avaient un comportement tout à fait normal. Par contre, lorsque la police entreprend d'interroger systématiquement les habitants des environs de Moro, elle reçoit des déclarations étonnantes.
La première est celle d'une mère de famille qui accueille les enquêteurs sur le pas de sa porte :
-Le 17 août vers 19 h ? C'est sûr, j'ai vu quelque chose !
-Ah oui, et quoi ?
-Eh bien j'étais là, comme en ce moment, devant la maison avec un panier de linge que je m'apprêtais à étendre pour le faire sécher. Et puis j'ai vu un truc, dans le ciel, qui volait et qui était tout rond. Il brillait comme de l'aluminium et par moments crachait des étincelles.
-C'était bien vers 19 h ?
-Oui, oui ! Notez que le truc n'est pas resté longtemps. Il s'est arrêté en haut du Moro do Vintem puis il s'est envolé tout droit, très vite, mais alors très vite, comme une fusée !
De l'autre côté du Moro do Vintem, un rentier, assis à l'ombre d'un araucaria, s'exclame :
-Le 17 août ? C'est le jour où j'ai vu une grande fleur dans le ciel ! À quelle heure vous dites ?
-19 heures.
-Alors c'est cela ! J'allais rentrer pour allumer la radio lorsque j'ai vu une grande fleur dans le ciel, très lumineuse, comme une fleur de flamme.
-Où était-elle ? Que faisait-elle ?
-Elle était là, au-dessus du Moro, elle est restée sans bouger pendant un moment, puis elle est partie à une vitesse vertigineuse.
Jusque-là, toutefois, les témoignages de tous ces gens plutôt simples n'obtiennent qu'un crédit relatif tant ils sont extravagants. Au Brésil, tout change avec le décor et le niveau social des témoins. Le lendemain, les enquêteurs se transportent dans une somptueuse propriété de Copacabana auprès de la señora Gracinda Barbosa Coutinho da Sousa, dame de la haute société de Rio de Janeiro qui a spontanément offert son témoignage. Les policiers la trouvent avec ses trois enfants :
-Le soir du 17 août, dit-elle, j'allais en voiture visiter une de nos domestiques, souffrante, qui était restée chez elle. Cette voiture est décapotable. Alors que nous passions aux abords du Moro do Vintem, en fin d'après-midi, l'un de mes enfants s'est mis à brailler : "Maman, maman... regarde !" J'ai oublié de vous dire que mes trois enfants étaient avec moi. Ils pourront témoigner aussi. Tous, nous avons tourné la tête pour voir au sommet de la colline un objet orange, fluorescent, en forme de dragée, entouré d'une bande incandescente.
La femme se tourne vers ses trois enfants qui l'écoutent, les yeux brillants, comme s'ils revivaient la scène :
-C'est bien cela, n'est-ce pas ?
-Oui maman, s'empressent de répondre les gamins.
-Que faisait-elle cette ... chose ?
-D'abord elle ne bougeait pas. Elle lançait par intermittence des éclairs aveuglants. C'était un spectacle extraordinaire... Évidemment, je me suis arrêtée. Pendant environ 3 ou 4 mn, l'appareil n'a fait aucun mouvement horizontal, mais il s'élevait par moments pour redescendre aussitôt. Enfin il s'est envolé et a disparu. N'est-ce pas, les enfants ? C'est bien cela ?
Le fait est que les enfants vont répondre aux questions des policiers avec force détails sans que leur récit ne fasse apparaître la moindre contradiction.
Pierre Bellemare, Dossiers secrets